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Profiling au Panama part1

Sur les traces des disparues d'El Pianista: en juillet 2021, Survie jungle a préparé et accompagné l'équipe d'Imperfect Plan pour une expédition dans les jungles montagneuses de l'ouest du Panama, au nord de la ville de Boquete. Nos principaux objectifs consistaient à cartographier la piste et à recueillir des informations dans la jungle où Kris Kremers et Lisanne Froon ont disparu le 1er avril 2014..



Romain, un Français, et Chris, un Américain, se lancent dans une enquête sur la disparition en avril 2014 de deux Hollandaises, Kris et Lisanne, dans la jungle montagneuse de Boquete, au lieu dit « El pianista »

Ils m'ont contacté pour les aider à se préparer, leur donner des conseils et les accompagner dans leur expédition tout en leur apportant ma propre déduction de type « profiling ».


Mais pour moi, l'enquête commence ici et maintenant. Je dois absolument découvrir où cette photo a été prise et à partir de quelle rivière. Le sac des filles et certaines parties de leur corps ont été retrouvés en aval, à quelques kilomètres, mais la réponse à cette question cruciale se trouve peut-être juste sous notre nez.

Le mystère plane autour de la dernière photo prise par les filles. Deux heures seulement avant leur première tentative d'appel de secours, elles ont immortalisé le paysage autour d'elles, sans se douter que c'était la dernière fois qu'elles allaient voir cet endroit. A l'époque de la disparition, personne n'était resté sur place pour trouver des indices, tous les enquêteurs avaient quitté la zone pour passer la nuit en finca, à une demi-journée de marche. La jungle peut être un endroit hostile, même les locaux n'y dorment pas.. La localisation de la dernière photo avant leur disparition reste un véritable mystère.



La mission commence

Je rencontre Romain et Chris à Boquete, mes recruteurs, au Panama. 2 charmantes personnes et dans leurs regards je vois la passion, c'est un bon signe.

Ils sont impatients de commencer, mais je sais que cette mission sera difficile.

A peine mon sac posé, Chris est fier de me montrer un objet qu'il a prévu emporter pour notre mission, son couteau:

la vache! une fois posé dans ma main ce merdier devait bien peser 2kg à lui tout seul, certes il était beau avec pleins d'options mais en jungle, ça ne va pas le faire..

- weight is the enemy of the hiker! lui dis je, et oui le poids et le volume sont les ennemis de tout randonneur, alors je lui montre mon pauvre opinel n°8 en lui affirmant que ce sera bien mieux, petit couteau et machette de bonne qualité sont bien suffisants.


La préparation


Je débute des cours sur la préparation du sac à dos, la constitution de kits, en reprenant la liste d'effets et médicale que je leur avait fourni pendant la préparation à distance.

Ensuite, le nerf de la guerre, les courses pour la nourriture. Il faut prévoir 7 jours de nourriture + 24h de sécurité, soit 24 repas environ.


J'en profite pour les questionner sur leur petit déjeuner favori lors de leurs randonnées, bien sur pour Chris, l'américain, - c'est œufs au bacon! me dit il tout fier et pour Romain le français et bien, - je ne déjeune pas..


- Là, ça va envoyer du steak! me dis je

- Et bien ce sera du porridge avec tel et tel ingrédient mélangés, et le tout avec de l'eau de rivière ce sera le top niveau énergie!

A mon conseil, je suis accueilli par de belles grimaces: ce régime alimentaire va être compliquer à avaler!


Je rempli le cadi d'ingrédients pour nos repas de jungle, mais je devine en voyant leurs yeux se transformer en inquiétude que cela ne va pas être facile.



Pourtant, il n'y a pas de choix, il faut allier le poids, le volume et surtout les calories pour être en forme et tenir le coup. Nous sommes prêts à affronter l'inconnu, à relever les défis qui se dressent devant nous et à résoudre le mystère qui entoure la disparition des filles. Nous avons sept jours devant nous, sept jours pour percer le secret de la jungle, sept jours pour découvrir la vérité.


La mission commence, et nous sommes prêts à tout pour réussir.

Le matin du départ, les sacs sont prêts, nous attendons le taxi, et chacun aide l'autre à mettre le sac sur le dos, ils sont lourds car nous avons aussi tout le matériel drone avec ses batteries, caméra trap, équipements d'analyse etc.


Le taxi nous dépose en bord de piste et le sac sur le dos nous commençons à avancer à petits pas, je suis responsable de mes chatons et je dois les amener au bout de cette histoire, pour cela, il faut leur apprendre à gérer l'effort et sortir leurs griffes pour bien accrocher la piste.. Ils sont courageux car cette piste est de plus en plus rude et la jungle nous enveloppe doucement de sa canopée.


Je les vois souffrir et je m'inquiète car je sais que mon premier objectif ne sera pas atteint aujourd'hui.

Cela me ramène à des années en arrière, qui n'a pas souffert dans cette jungle? moi le premier, peut être certains de mes lecteurs sont d'ex commando de jungle ou ex légionnaire qui ont connu le CEFE, ils le savent tous.


"Ce n'est pas à la jungle de s'adapter à l'homme, mais à l'homme de s'adapter à la jungle!" nous disait on

Effectivement, je me suis aperçu au fil des années passées dans ce milieu qu' il est extrême comme la haute montagne, il faut l'aborder avec des connaissances et accompagné.. je l'ai bien appris lors de mon passage dans une école de combat en jungle d'un pays d'Amérique centrale, j'y avais perdu 12 kg, mais en échange, acquis du savoir pour me faire accepter par ce milieu.


Mes 2 protégés souffraient déjà, et je devais renoncer à mon premier objectif, le sommet.

Je prends de l'avance, pour repérer ma zone de bivouac, intermédiaire, il nous faut nous arrêter à 15h, car je dois leur montrer toute la procédure pour monter un bon bivouac.



Préparation à la première nuit


S'arrêter à 15h peut paraître tôt, mais dans ce milieu, c'est nécessaire. La jungle est un environnement hostile pour ceux qui ne sont pas préparés, et chaque erreur peut être dangereuse. C'est pourquoi, malgré la fatigue, nous prenons le temps de tout vérifier avant de nous reposer. Je commence l'apprentissage en les prévenant:

" je vous montre pour cette nuit, concentrez vous car les prochaines nuits, je ne ferais que contrôler!"

Les bâches bien fixées, les hamacs bien tendus et les caillebotis alignés au sol, nous sommes prêts à passer notre première nuit dans la jungle. Cependant avant cela, je dois leur apprendre la procédure pour être propre et sec, car ici, l'humidité est le pire ennemi . Nous devons également prendre notre repas pour avoir des forces et être en sécurité une fois la nuit tombée.


Il nous reste une petite fenêtre de temps pour nous laver dans la rivière, que j'ai repérée non loin de là. En passant par le petit layon que j'ai créé, nous en profitons pour nous laver, l'eau est très fraiche car nous sommes déjà en altitude mais après une journée de marche, prendre soin de notre hygiène est crucial.

La nuit tombe rapidement en jungle, et la canopée filtrant le peu de lumière qui reste, l'obscurité s'installe vite. Romain et Chris sont prêts pour leur première nuit en forêt tropicale. Le silence qui nous entoure est oppressant, et les bruits de la jungle sont différents de tout ce qu'ils ont pu entendre auparavant. Les animaux nocturnes s'éveillent et leurs cris peuvent être inquiétants.

Malgré cela, je pense qu'ils se sentent protégés dans leurs hamacs il est temps de dormir.. première nuit pour mes protégés.


Demain, nous serons prêts à affronter les défis qui nous attendent dans notre quête pour découvrir la vérité sur la disparition des filles..


En jungle, la devise "objet inconnu, touche à ton c.." est essentielle.

7h le matin, je réveille mes camarades, il nous faut repartir le plus tôt possible sur les pas de Lisanne et Kris. Après un bon petit déjeuner "jungle", qui, au passage, n'est pas trop apprécié! Je le vois bien aux grimaces de mon Romain: pas le choix, il faut se forcer car nous avons du dénivelé à franchir et pas du moindre, +1600m pour arriver au sommet, chargés en ce milieu humide..



Impossible de se perdre


A chacun de mes pas, mes pensées vont vers ces 2 malheureuses, je tente de me mettre à leur place: elles étaient en short, débardeur, petit sac et le temps était au beau fixe, les questions prennent forme dans ma tête et certaines réponses avec..

Le layon que nous empruntons est tel que la perte y est impossible, nous sommes comme un train sur son rail car il est cerné par à sa droite un talweg extrêmement abrupte et par sa gauche un flanc de montagne… impossible de se perdre.




La progression est lente jusqu'au sommet; mon objectif est d'atteindre une zone de bivouac rapidement car comme vous le savez, ce doit être avant 15h.. bon, comme je n'aurais pas à faire le cours sur le bivouac, je m'octrois une heure de plus.. allez, arrêt à 16h!


Après avoir traversé 2 rivières, je trouve enfin une zone tout juste bonne pour nous trois, c'est décidé, nous posons nos sacs ici.


Au passage, des questions me turlupinent

Comment se sont elles perdues? Entre leur photo prise au sommet et le moment de leur appel d'urgence ne s'est passé que quelques heures.. d'après mes calculs, leur égarement a eu lieu plus ou moins dans notre zone de bivouac.


Comment se fait il que les équipes de recherche à l'époque n'aient fait qu'un bref passage ici? Quelles méthodes ont elles utilisées pour effectuer leurs recherches? Au fur et à mesure de notre progression d'un compartiment de terrain à l'autre, les autres questions se forment naturellement avec pour principale que tout le monde se pose:


Quelle est la cause de leur disparition?


La suite dans un prochain article





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